Déclaration du SNEC du 28 octobre 2020

Déclaration du SNEC du 28 octobre 2020

241Minutes vous livre l’intégralité du déclaration du Syndicat national des enseignants et chercheurs (SNEC) du Gabon du mercredi 28 octobre 2020

Par ce point de presse, le SNEC veut réagir aux dernières décisions gouvernementales sur la Phase 2 d’allègement des mesures restrictives liées à la pandémie de la Covid-19 et faire sommairement le point sur le fonctionnement des universités et grandes écoles.

D’emblée, le SNEC constate, pour le regretter, le maintien de l’interdiction des rassemblements pour des citoyens à certaines circonstances et en certains endroits, notamment pour les syndicats et l’Eglise, sans aucune justification scientifique et médicale ; alors que d’autres, à l’instar des élus au parlement et des réunions politiques, il n’y a pas de restriction. En effet, comment comprendre qu’on interdise aux croyants de se rassembler à plus de 30 dans une paroisse, alors que le ministre de l’Enseignement supérieur laisse libre court aux entassements de plus de 1500 étudiants dans les amphithéâtres et de plus de 60 autres dans des salles plus petites à l’université ?

Au nom d’une priorité de santé publique à géométrie variable, le gouvernement expose les enseignants-chercheurs à une contamination de masse, en violant allègrement les dispositions de l’Arrêté n°55/MEFPTFPDS du 30 avril 2020 qui oblige l’administration à mettre à disposition les gels hydro-alcooliques, les thermo-flashs et les masques à l’entrée des salles de classes, et à faire respecter la distanciation physique.

Le ministre de l’Enseignement supérieur déclare dans les médias à coups d’incantations pour parler de sa volonté de redonner à l’université ses lettres d’or et de la mise en place du télé-enseignement pour éviter les salles de classe et amphithéâtres bondés d’étudiants ; mais dans la réalité il ne débloque pas les moyens financiers, technologiques et techniques pour l’effectivité du télé-enseignement et la restauration des infrastructures des universités qui souffrent d’une vétusté moyenâgeuse.

Ainsi à ce jour, le télé-enseignement n’existe pas, les équipements s’effondrent à un niveau sans précédent, les financements pour la Recherche se sont volatilisés depuis bientôt une demie-décennie, les années académiques inconsistantes et incohérentes s’achèvent et s’enchainent dans un rafistolage qui devient la marque de fabrique des différents ministres chargés de l’Enseignement supérieur du Gabon. Or, à quoi ressemble une université sans la recherche et sans l’optimisation et le remodelage de ses équipements ? Au fond, quelle est la vision que nos gouvernants à la tête du Gabon ont pour l’Université ?

Si le ministre de l’Enseignement supérieur, qui est au demeurant Professeur d’Université, semble l’oublier, le SNEC tient à rappeler qu’une université sans la recherche et sans équipements est réduite à devenir un Grand Lycée. Et c’est présentement le cas. En plus de cet effondrement, le ministre de l’Enseignement supérieur vient conforter la politique de paupérisation sociale des enseignants-chercheurs et chercheurs, en refusant de payer les arriérés de vacations et les rappels solde, de régulariser les situations administratives et d’arrimer la pension de retraite au nouveau système de rémunération.

Comble du cynisme, la dernière mission que le ministre s’est assigné est d’envoyer les enseignants-chercheurs et les étudiants à un suicide collectif, à vrai dire un génocide, puisqu’avec l’appui des responsables administratifs des universités et grandes écoles imbibés d’un zèle kafkaïen, il a décidé de la reprise des cours sans faire appliquer l’Arrêté n°55/MEFPTFPDS du 30 avril 2020.

Etant donné que les tests sont exigés aux fidèles des confessions religieuses et aux clients des restaurants par exemple, pourquoi le ministre de l’Enseignement supérieur ne fournit-il pas gratuitement les tests aux enseignants-chercheurs et aux étudiants qui se rassemblent en grand nombre sur les campus afin de s’assurer de leur statut ? Pourquoi le ministre de l’Enseignement supérieur refuse de faire appliquer l’Arrêté n°55/MEFPTFPDS du 30 avril 2020 ?

En l’Etat actuel des infrastructures dans les universités et grandes écoles et compte tenu du contexte sanitaire et des réticences du ministre de l’Enseignement supérieur à fournir le matériel de protection contre la prolifération de la Covid-19 exigé par l’Arrêté n°55/MEFPTFPDS, le SNEC pense malheureusement qu’il est impossible de poursuivre sereinement les activités pédagogiques, car les vies humaines sont en jeu
Dans le cadre du fonctionnement des établissements, le SNEC déplore le non-respect de la norme requise pour la validation d’un semestre. En effet, pour qu’un semestre soit validé, il faut avoir observé 13 semaines de cours et 3 semaines d’examen. Or, pour sauver l’année académique, les responsables d’établissement se limitent en moyenne à 4 ou 5 semaines de cours, au mépris de la qualité des enseignements, sans se soucier de l’impact d’un tel dysfonctionnement sur la formation des étudiants.

Au lieu de se préoccuper à sauver les années, au détriment de la qualité de la formation des étudiants, le SNEC demande au gouvernement de réfléchir sérieusement sur la proposition de marquer une pause en décrétant courageusement une année blanche. Elle aurait pour avantage d’éviter le bricolage et le colmatage de brèches, mais surtout de revenir aux normes calendaires en vigueur dans l’espace francophone.

Par ailleurs, de nombreux collègues de l’Institut de Technologies d’Owendo (ITO), l’Institut Supérieur de Technologies (IST) et l’Institut Universitaire des Sciences de l’Organisation (IUSO) en cours d’intégration pour le compte de l’Enseignement supérieur, se retrouvent, sans aucune explication, reversés au compte de l’Education Nationale. C’est la raison pour laquelle le SNEC invite instamment le gouvernement à clarifier la situation de ces collègues et surtout de revoir le statut de ces établissements pour en faire de véritables établissements d’Enseignement supérieur, garantissant un plan de carrière à tous ceux qui y exercent.

S’agissant de l’Université des Sciences et Techniques de Masuku (USTM), le SNEC dénonce le mutisme du gouvernement face à la crise qui prévaut dans cet établissement. En effet, depuis le 22 juin 2020, les enseignants de cet établissement sont en grève, laquelle grève a été reconduite lors de l’assemblée générale du 9 octobre dernier. Les revendications sont les suivantes :

  • Paiement des heures supplémentaires de 2016 à 2019 ;
  • Absence d’un protocole de reprise intégrant la gestion des effectifs pléthoriques ;
  • Carence de désinfection des salles de classe et de matériels pour le respect des mesures barrières ;
  • Persistance des problèmes d’étanchéité (inondations des salles de cours, de Travaux pratiques et des bureaux des enseignants) ;
  • Lenteur dans le traitement des dossiers des enseignants admis à la retraite ;
  • Régularisations de toutes les situations administratives ;
  • Arrimage du calcul de la pension retraite au nouveau système de rémunération.

Par ce mutisme, le gouvernement fait preuve de mépris et viole une fois de plus les dispositions régissant la corporation.

Concernant l’UOB, plusieurs problèmes minent son bon fonctionnement. Il s’agit, entre autres, de l’intérim du recteur sans vices recteurs, de deux départements dépourvus de directeurs en Faculté de Droit et Sciences Economiques, des amphithéâtres fermés pour réhabilitation, des capacités d’accueil trois fois inférieures à la population estudiantine, du désordre calendaire qui démontre une université à multiple vitesses, de l’insécurité due à la porosité de la barrière. Tout ceci occasionne un désordre indescriptible dans le déroulement des activités pédagogiques. Lesquelles activités se déroulent sans observer le respect total des mesures barrières à la Covid-19.

Pour ce qui est de l’Ecole Normale Supérieure, le SNEC déplore l’absence des travaux pour élargir les plateaux techniques. Depuis plus de deux décennies, l’ENS abrite un stock de déchets chimiques, dérivés des laboratoires. Il sera trop tard de regretter une explosion comme à Tchernobyl. Les laboratoires sont à refaire. Les amphithéâtres promis en 2011 sont toujours attendus comme les Juifs attendent leur Messie. Les enseignants déambulent dans les couloirs par manque de bureaux de travail. La voie d’accès à l’Ecole Normale Supérieure est un calvaire pour les automobilistes. Pour terminer, la création de l’Université des Sciences de l’Education est toujours attendue.

Toutefois, bien que les activités pédagogiques aient repris timidement, le SNEC conditionne encore une reprise sereine des cours à la résolution préalable des points suivants :

  • Le paiement intégral de toutes les vacations dues ;
  • La régularisation de toutes les situations administratives par la mise en place d’un terminal à la solde ;
  • Le paiement des rappels solde ;
  • L’arrimage complet de la pension retraite au nouveau système de rémunération.

Pour le SNEC
La Vice-Présidente
Nathalie SIMA-EYI

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